My state of insecurity has pulled me into darkness. All you need is integrity and a life for the loveless. This is the sound of the Loveless. Can you hear it ? Accept the warmth of the Loveless. Can you feel it ? There're doorways waiting for you I want you to hear this my friend. Step into the moment of truth.
Dream On, Dreamer
Sur tes lèvres, un sourire s’installe lentement. Ce sera beau. Ce sera la plus belle chose qu’ils n’aient jamais vue. Ce sera le magique paradis sur cette terre d’accueil. L’odeur de l’essence te prend à la gorge. Exquise saveur. Tu enfonces ton nez dans ta chemise. Un instant. Et tu continues. Tu vides le bidon au pied de l’arbre. Tu en arroses son écorce. Et cette fois-ci, le vieil arbre centenaire n’en sera que plus magnifique encore. Tes doigts viennent s’enrouler dans tes boucles rousses, alors que tu recules lentement. Ta main glisse doucement au fond de ta poche, caressant le zippo dérobé dans la cuisine. Tu le tires à toi, le faisant jouer entre tes doigts. Ton doigt s’amuse de la sécurité, alors que tu laisses la flamme t’éclairer. Tu as lentement inspiré. Et tu l’as jeté au pied du vieux sapin. Vive chaleur éclairée. Les flammes gagnent lentement la cime, aidées par les aiguilles séchées par la chaleur de l’été. Tu soupires doucement, émerveillé. La lueur orangée éclaire ton visage dans cette nuit bleutée. C’est beau. Encore plus splendide que le minuscule feu de la cheminée. Et la fournaise soigne enfin ton cœur glacé. Tu te sens dégeler, dans un plaisir non-mesuré.
« Carrol ! » Le poids d’un corps s’oppose au tien. Ta mère pousse ton être de jeune adolescent loin de la source lumineuse. Tu ne cherches même pas à argumenter. Tu observes simplement ton œuvre s’éloigner, un sourire sur tes lèvres décharnées. Tu voudrais juste qu’elle cesse de hurler. Que des cris effrayés arrêtent enfin de percer tes oreilles d’être enfantin. Et tu ne comprends pas ce qu’ils trouvent d’horrible à ce braisier. C’est magnifique. Plus que chaque chose ne l’a jamais été. Et tu ne comprends l’acharnement qu’ils ont à vouloir l’arrêter. Ton être entier tremble, alors que tu les regardes détruire ce que tu t’es tant entêter à réaliser. Ton sourire de bien-être s’est effacé. Le hurlement a traversé ta gorge, alors que tu te débattais. Tu les as suppliés d’arrêter. De mettre fin à l’erreur qu’ils commettaient. Et tu craches ce trop-plein de sentiments jamais dévoilés. Voilà qu’ils arrachent tes sens, brisant ton esprit étouffé. Et ta génitrice t’adresse son regard le plus horrifié, alors que, pris de folie, tu tentes de lui échapper. Et tu lui intimes de te laisser, tu leur cries d’arrêter. Plus fort que jamais. Et ta grand-mère lui vient en aide, te tirant de le plus loin possible des flammes orangées. Et tu hurles, souffrant de l’impuissance que tu as à les contrôler. Ton brasier ne sera plus que fumée. Et c’est dans tes hoquets incontrôlés qu’ils t’ont emmené. Alors que tu criais ton désespoir à l’arraché.
angry chair
Congratulations, Dr. Harmon ... You're finally beginning to see things as they are..
American Horror Story
« Pas de crise de colère, cette semaine ? » Tu as rongé tes ongles, nerveux. Tu refuses, comme à chaque fois. Tu refuses de parler à cet homme qui semble limite te prendre pour un cinglé. Tu te sens blessé dans ton estime, broyé dans ton égo démesuré.
« Ce n’est pas ton mutisme qui va t’aider, tu sais. » Tu as serré les poings. Voilà qu’il t’exaspère. Et pourtant, Dieu seul sait à quel point tu peux être patient, lorsque l’envie t’en prend. Mais là, c’est différent. Largement. Tu ne supportes plus ce regard faussement compatissant. Tu ne l’as jamais supporté.
« J’crois que je devrais m’en aller. » Il espère tellement de ces quelques mots. Tu imagines qu’il voudrait que tu restes. Que tu l’éclaires sur la cause de chacun de tes soucis, que tu lui avoues quels sont les cauchemars qui peuplent tes nuits. Il aimerait que tu lui dises comment c’est, chez toi. Ce qui s’est passé pour que tu deviennes comme ça. La vérité, c’est que quelque part, tu ne sais vraiment pas. Tu as juste cette passion pour le feu que les autres n’aiment pas. Les cauchemars dans le noir. Les insomnies de la nuit. C’te putain d’énurésie.
« Mais .. On vient juste de commencer, Carrol. » Tu as relevé la tête vers lui, et tu n’as pas réussi à retenir l’envie. La colère qui grimpe lentement dans tes veines te semble une nouvelle fois incontrôlable. Tes doigts se sont glissés sous la table basse. Et tu l’as envoyée valser, te relevant par la même occasion.
« J’en n’ai strictement rien à foutre ! » Mots violents sortant de ta bouche de chérubin. Et peut-être agis-tu exactement comme il le désirait.
« Puis ouais, j’l’ai faite, votre putain d’crise. J’me suis déchiré ma jolie peau d’ange, juste pour laisser le malaise passer ! Parce que j’en peux plus, d’ces putains de nuits passées éveillé, juste dans l’angoisse et la crainte de ne jamais y arriver ! » Tu gueules. Tu hurles à ne plus en pouvoir. Tu avais retroussé tes manches, simplement pour lui montrer tes morsures. Tes égratignures. Passages mouvementés d’une vie trop longtemps enterrée. Tu te sens imploser. Et tu renverses ce qui apparaît à ta portée, sans même qu’il ne cherche à t’arrêter. Il était probablement pour cette théorie débile comme quoi il fallait te laisser t’exprimer. Pure expression de tes idées. Et tu t’es lentement calmé. Tu as observé ton carnage d’un œil mal assuré. Il n’avait pas bougé. Sur ses lèvres, un sourire satisfait s’était dessiné.
« Tu vois, quand tu veux. Tu veux me dire comment c’est arrivé ? » Tu l’as observé, soudainement lassé. Tes doigts ont saisi ton sac que tu avais balancé.
« Vous savez quoi, Monsieur ? J’pense que vous et votre thérapie à la con, vous pouvez royalement aller vous faire foutre. » Et tu as claqué la porte derrière toi, encore trop agacé. Frustré par les aveux que tu t’étais enfin décidé à lui avouer. Et sans le vouloir, les mots t’avaient échappé.
compulsive firestarter
Ils s’apprêtent à recevoir leurs diplômes, ils s’apprêtent à se marier. Ce ne sont que des enfants, ils sont ignorants. Tout ce qu’ils savent c’est qu’ils sont innocents, ils ne feraient pas de mal à une mouche. J’voudrais courir vers eux et leur dire : « Arrêtez ! Ne faites pas ça. C’est pas la femme qu’il te faut. C’est pas l’homme qu’il te faut. Vous allez faire des choses que vous ne pouvez même pas imaginer, vous allez faire du mal à des enfants, vous allez souffrir comme vous ne pouvez même pas l’imaginer. Vous allez vouloir mourir. »
J’voudrais courir vers eux, dans la lumière de cette fin de mois de mai, mais j’le fais pas. J’veux vivre.
Into the wild
Il y a ce sourire étrange qui illumine ton visage. Jouissance sans nom que de voir les flammes. Tu écoutes les cris. Tu les imagines, véritables torches vivantes. Tu l’imagines, cette panique irrésistible qui les empoigne. Ils voudraient sortir, s’échapper. Mais ils sont tellement mieux ainsi. Tellement mieux ici. Ils ne s’en rendent pas encore compte. Mais voilà que tu leur supprimes le douloureux fardeau qu’est la vie. Tu aimerais voir de quoi ont l’air les anges de feu. Hélas, ils ne parviennent à admirer leur dernière beauté. Quelque chose en toi te pousse à les rejoindre. Quelque chose de plus fort encore que cet attrait pour les flammes. Tu les voulais aussi. Tu voulais que leurs délicieuses langues t’enveloppent, qu’elles effleurent tendrement ton corps. Probablement qu’être recouvert par tant de beauté serait un honneur. Il te suffisait de faire quelques pas. D’ouvrir la porte d’entrée du lycée. De te glisser dans le gymnase plein à craquer. Et d’y plonger. Ou plus simple encore. T’imbiber d’essence, et caresser ton corps avec le briquet allumé. En toute insouciance.
Sirène tonitruante. Tu ne réagis pas, même lorsque des bras forts te tirent loin de ce brasier. Mains glacées. Ton sourire s’efface lentement, lorsque tu observes ces hommes détruisant ton œuvre.
« Pourquoi ? » que tu lances, simplement. Pourquoi, pourquoi ces agissements. On ne t’écoute pas. Tu murmures un peu plus fort. Sans réponse, encore. Tu hurles. Tu trépignes, cherchant à comprendre ton factice tort. C’était ton œuvre. Plus magnifique encore. Plus grande, plus resplendissante que tout ce que tu avais fait jusqu’alors. Rendue en temps et en heure à ton professeur. Tu aurais peut-être dû enregistrer. Au cas où il n’aurait pas eu le temps d’en profiter. Alors tu tapes du pied. Parce que voilà qu’ils profanent ta toile. On t’ordonne de te calmer. On te dit que ça allait bien se passer. Bien sûr que non. Voilà des heures de travail acharné qui partaient en fumée. Alors que tu avais tout planifié. Ils te demandent si tu as vu ce qu’il s’est passé. Si tu as vu quelqu’un le feu à la main. Tu ne cherches même pas à nier la moindre des questions. Tu ne ressens que cette aveuglante colère envers les destructeurs de ta créativité. Ils sont tous identiques, trop perdus dans cette volonté d’appartenir à cette établie conformité. Tu aimerais les réveiller. Les tirer de cette impression de somnambulisme. Jusque pour qu’ils comprennent enfin que l’art peut revêtir différents manteaux de créativité. Tu voudrais qu’ils sachent qu’il n’y avait aucun critère de beauté. Et que ce n’était pas ainsi qu’ils allaient découvrir toutes les merveilles de cette société. Il faut ouvrir les yeux pour réaliser. Et pas seulement comparer ton artistique créativité à de la monstruosité.